« Prescription en DCI » et sécurisation du livret thérapeutique informatisé : en pratique, quel libellé pour les médicaments ?

Un site utilisant Réseau AGEPS

SEPBU et SAD

Céline Magneux (1), Isabelle Fusier (1), Thomas Tritz (2), Anne Laure Cordonnier (1), Martine Sinègre (1)

(1) AGEPS (Agence Générale des Equipements et Produits de Santé), AP-HP, Paris
(2) Pharmacie, Ambroise Paré – AP-HP, Boulogne-Billancourt

Introduction
Le décret n°2014-1359 du 14 novembre 2014 a fixé au 1er janvier 2015 l´obligation, pour toute prescription de spécialité pharmaceutique, de « mentionner ses principes actifs désignés par leur dénomination commune internationale (DCI) ». Si les bénéfices apportés par ce langage commun ne sont plus à démontrer, la mise en œuvre pratique est à concevoir, d’autant que la « prescription en DCI » reste minoritaire en France (de l’ordre de 15% en 2014). En théorie, la certification des Logiciels d’Aide à la Prescription (LAP) est un premier pas facilitant la mise en application de ce texte, mais le décalage de phase impose bien souvent la mise à jour manuelle des libellés des médicaments dans le livret thérapeutique. Peut-être est-ce là une bonne opportunité d’harmoniser et de sécuriser son livret?

Matériels et méthode
A l’AP-HP, dans le cadre du déploiement d’un nouveau LAP partagé inter-établissements, un groupe de travail a été missionné par la COMEDIMS Centrale pour définir les règles de paramétrage du livret, en tenant compte des contraintes liées au logiciel et en orientant ses réflexions sur la iatrogénie liée à l’informatisation. Des réunions de type consensus ont réuni des experts pour statuer sur une méthode de nomenclature à appliquer au libellé des médicaments.

Résultats et discussion
Une structure-type de libellé a été définie : DCI / profil cinétique / dosage / profil patient / forme pharmaceutique / voie / contenant / spécialité. Chacun des items le composant est soumis à des normes : typographie, abréviations, conditions.
Le point d’entrée est donc la DCI et plusieurs arguments ont motivé ce choix : intérêt pédagogique, meilleure acceptation des génériques, gestion simplifiée des changements de marché. Un astérisque (*) permet de pointer le nom du produit référencé (générique ou spécialité) pour faciliter le rapprochement entre la dénomination informatique du médicament et sa dénomination sur le conditionnement. Le système du “TALLman letters” permet de prévenir les erreurs de sélection en mettant l’accent sur les différences entre deux termes visuellement proches, grâce à l’utilisation de majuscules (exemple : cefOTAXime – cefTAZidime). A ce jour, 1294 libellés ont été retravaillés avec la nouvelle nomenclature (sur 3380 médicaments au livret thérapeutique).
Des exceptions à la formulation en DCI ont été identifiées (106 sur 1294, soit 8%): associations de plus de trois substances actives, médicaments à risque de confusion, non substituables, et difficilement exprimables en DCI. Dans ce cas, l’ordre est inversé et c’est la spécialité qui est mise en avant.
L’harmonisation de la structure de ces libellés permet ainsi de garantir la présence des éléments pertinents permettant l’identification sans équivoque du médicament.

Conclusion
Le choix de formuler le nom des médicaments en commençant par la DCI entraîne un changement de pratiques conséquent identifié et partagé par les experts : une étude d’impact auprès des professionnels de santé concernés par le déploiement de ce LAP est en cours de préparation et fera l´objet d´un retour d´expérience.

Poster SNPHPU, Tours, 23 – 25 septembre 2015